Les bienfaits essentiels des intercultures pour régénérer les sols après les moissons

Qu’est-ce qu’une interculture et pourquoi semer rapidement ?

Les intercultures, aussi appelées cultures intermédiaires, désignent les plantes semées entre deux récoltes principales. Leur rôle dépasse largement le simple fait de couvrir le sol puisqu’elles agissent comme de véritables alliées agronomiques. Les incontournables incluent des espèces comme la moutarde, le trèfle, le radis oléagineux, le seigle ou diverses légumineuses.

Semer rapidement après les moissons est essentiel pour tirer parti des conditions encore favorables disponibles : humidité résiduelle du sol, températures optimales pour la germination et durée suffisante avant l’arrivée de l’hiver. Chaque jour qui passe après la récolte réduit l’efficacité de l’interculture et limite ses bénéfices.

Protéger les sols contre l’érosion et les éléments climatiques

L’un des principaux avantages des intercultures est leur capacité à protéger le sol des agressions climatiques. En France, il est estimé que l’érosion affecte environ 1,6 million d’hectares par an, soit près de 6 % de la surface agricole (source : Inrae). En l’absence de couverture, les sols nus deviennent vulnérables aux ruissellements d’eau, emportant les nutriments et les particules fines vers les cours d’eau. Cela risque non seulement d’appauvrir les terres, mais aussi de polluer l’environnement.

Les racines des intercultures créent une fixation naturelle des particules et structurent les sols, limitant considérablement ces pertes. Elles réduisent également l’impact des vents, responsables d’une autre forme d’érosion appelée déflation, particulièrement problématique dans certaines régions comme le bassin méditerranéen.

Améliorer la structure et la biodiversité des sols

Les racines des plantes intermédiaires agissent en véritables architectes du sol, contribuant à améliorer sa porosité et à prévenir le phénomène de compactage. Une terre mieux structurée favorise à la fois l’infiltration de l’eau et l’aération indispensable au système racinaire des cultures suivantes.

Stimuler la vie biologique du sol

Un sol vivant est un sol en bonne santé. Les intercultures, notamment les légumineuses comme la luzerne ou la vesce, enrichissent le microbiote du sol en fournissant une source de nourriture abondante pour les micro-organismes. Par exemple, les exsudats racinaires favorisent le développement des champignons mycorhiziens, connus pour leur rôle dans l’assimilation des nutriments.

Selon des recherches de l’Inrae, les sols riches en biodiversité microbienne produisent jusqu’à 20 % de biomasse additionnelle sur les cultures suivantes, un avantage économique à ne pas négliger.

Fixer l’azote et gérer les nutriments

Les légumineuses utilisées en interculture, comme le trèfle ou le pois fourrager, possèdent une capacité fascinante : celle de fixer l’azote atmosphérique grâce à l’action de bactéries symbiotiques présentes dans les nodosités de leurs racines. Cet azote reste ensuite dans le sol à la disposition des cultures suivantes, réduisant ainsi les besoins en fertilisants chimiques coûteux et polluants.

En outre, certaines intercultures comme le radis oléagineux sont reconnues pour leur capacité à pomper les éléments nutritifs des couches profondes du sol et à les rendre accessibles en surface lors de leur décomposition.

Limiter les adventices grâce à une couverture végétale

Les intercultures jouent également un rôle stratégique dans la gestion des combinaisons non-désirées, comme la prolifération des adventices. En couvrant rapidement le sol après la moisson, elles limitent la lumière et l’espace disponibles pour ces plantes concurrentes.

À titre d’exemple, une étude menée dans le centre de la France a montré qu’une couverture dense d’intercultures permettait de réduire de 40 à 70 % la densité des adventices dans les parcelles (source : Chambre d’agriculture de la région Centre-Val de Loire). Cela représente non seulement un gain de temps et d’argent sur les désherbages, mais contribue également à lutter contre le développement des résistances aux herbicides.

Des pratiques adaptées à chaque région

Pour maximiser l’effet des intercultures, il est crucial d’adapter leur choix au contexte pédoclimatique et aux objectifs agronomiques propres à chaque exploitation. Voici quelques conseils utiles :

  • Dans les sols légers : privilégiez des espèces à croissance rapide comme le radis ou la moutarde.
  • Dans les régions humides : optez pour des mélanges riches en légumineuses pour leur capacité à fixer l’azote.
  • Si l’érosion est un enjeu majeur : le seigle offre une excellente couverture hivernale.
  • Pour des sols compactés : choisissez des espèces aux racines pivotantes, comme la luzerne ou le trèfle violet, capables de fissurer le sol en profondeur.

Un levier économique et environnemental

Au-delà de leurs bénéfices agronomiques, les intercultures offrent également des retombées économiques notables. Leur utilisation peut réduire les besoins en engrais azotés (comptez un gain moyen de 40 à 60 euros par hectare, selon les calculs de l’Inrae) tout en augmentant la productivité et la qualité des cultures suivantes. En parallèle, elles répondent aux exigences des réglementations environnementales, comme la Directive nitrates, tout en améliorant l’image des produits agricoles auprès des consommateurs, de plus en plus sensibles aux enjeux écologiques.

Pour un avenir agricole plus résilient

À une époque où la durabilité est au centre des préoccupations agricoles, les intercultures se posent comme une réponse concrète et accessible. Leur mise en place rapide, directement après les moissons, est un levier puissant pour améliorer la santé des sols tout en répondant aux défis climatiques, économiques et environnementaux. C’est une pratique qui trace la voie vers une agriculture plus résiliente et respectueuse des cycles naturels.

Et vous, mettez-vous déjà en œuvre des intercultures dans vos parcelles ? Partagez vos expériences et vos résultats en commentaires ! Nous avons hâte de découvrir vos retours sur cette méthode qui change le paysage de l’agriculture de demain.