L'Ademe révèle une contamination généralisée des sols français aux microplastiques

Une étude récente de l'Agence de la transition écologique (Ademe) met en lumière une pollution préoccupante : 76 % des sols français contiendraient des microplastiques. Cette découverte souligne l'ampleur de la contamination des terres, notamment agricoles, par ces particules plastiques invisibles à l'œil nu.

Une présence quasi systématique des microplastiques dans les sols

L'Ademe a analysé 33 échantillons de sols représentatifs de différents usages : forêts, prairies, vignobles, vergers et grandes cultures. Les résultats sont alarmants : 25 de ces échantillons, soit 76 %, contiennent des microplastiques, avec une moyenne de 15 particules par kilogramme de sol sec. Les polymères les plus fréquemment identifiés sont le polyéthylène et le polypropylène, couramment utilisés dans les emballages plastiques.

Les sources multiples de cette pollution

La contamination des sols par les microplastiques provient de diverses origines :

  • Pratiques agricoles : L'utilisation de paillages plastiques, d'engrais enrobés et l'irrigation avec des eaux usées contribuent à l'introduction de microplastiques dans les sols. Bien que les films plastiques soient retirés après usage, des fragments subsistent et se dégradent en particules plus petites.

  • Produits résiduaires organiques (PRO) : Les boues de stations d'épuration et les composts, souvent utilisés comme fertilisants, sont également des vecteurs significatifs de microplastiques. Sur 167 échantillons de PRO analysés, 166 contenaient des microplastiques, introduisant potentiellement entre un million et un milliard de particules par hectare de sol agricole chaque année.

  • Sources diffuses : Le ruissellement, le dépôt atmosphérique et les décharges contribuent également à cette pollution diffuse des sols.

Des impacts environnementaux et sanitaires encore méconnus

Bien que la présence de microplastiques dans les sols soit avérée, leurs effets sur l'environnement et la santé humaine restent insuffisamment étudiés. Les particules plastiques peuvent interagir avec les organismes du sol, affectant potentiellement la fertilité et la biodiversité. De plus, elles peuvent être ingérées par la faune, entrant ainsi dans la chaîne alimentaire. L'Ademe souligne l'urgence d'approfondir les recherches pour évaluer ces impacts et élaborer des stratégies de mitigation efficaces.

Les recommandations de l'Ademe pour limiter la pollution

Face à cette situation préoccupante, l'Ademe préconise plusieurs actions :

  • Réduction de l'utilisation des plastiques : Limiter le recours aux plastiques, notamment dans les emballages, pour diminuer les sources potentielles de microplastiques.

  • Amélioration de la gestion des biodéchets : Optimiser la collecte et le tri des biodéchets pour éviter la contamination des composts et autres fertilisants organiques.

  • Encadrement des pratiques agricoles : Mettre en place des réglementations visant à contrôler l'utilisation de matériaux plastiques dans les activités agricoles et promouvoir des alternatives durables.

  • Poursuite des recherches : Intensifier les études sur la présence et les effets des microplastiques dans les sols, en incluant des zones urbaines et ultramarines, pour une compréhension globale du phénomène.

La révélation de cette contamination généralisée des sols français aux microplastiques appelle à une prise de conscience collective et à des actions concertées pour préserver la qualité de nos terres et, par extension, la santé des écosystèmes et des populations.