Les pistes pour optimiser l’apport protéique dans l’alimentation du bétail

Les légumineuses : une solution naturelle et locale

Les légumineuses occupent une place essentielle dans l’amélioration des apports protéiques des rations pour bétail. Ces plantes, telles que la luzerne, le trèfle et le pois, ont l’avantage d’être adaptées à une production locale et respectueuse de l’environnement.

  • Une teneur élevée en protéines : la teneur en protéines des légumineuses peut atteindre jusqu'à 20 %, voire davantage dans les cas optimaux (comme pour certaines variétés de luzerne).
  • Un bénéfice pour les sols : grâce à leur capacité à fixer l'azote atmosphérique, ces plantes améliorent naturellement la fertilité des terres agricoles.

Toutefois, la généralisation des légumineuses dans les systèmes de production agricole nécessite une optimisation des rotations et un soutien technique pour les agriculteurs. Par ailleurs, leur valorisation dans les rations doit être ajustée pour éviter des carences en autres nutriments.

Protéines alternatives : insectes, algues et co-produits

Une des avancées les plus innovantes dans l’alimentation animale réside dans le développement de nouvelles sources de protéines, parfois encore peu conventionnelles, qui ouvrent des perspectives fascinantes.

Les farines d’insectes

L'utilisation des insectes pour alimenter le bétail gagne peu à peu du terrain, notamment dans les pays européens où des réglementations favorisent leur essor. Les insectes, comme les larves de mouches soldats noires ou les vers de farine, sont riches en protéines (jusqu'à 70 % pour certaines espèces !) et peuvent être produits en circuits courts.

  • Avantages écologiques : la production d’insectes consomme peu de ressources, notamment en eau et en espace.
  • Flexibilité : les insectes se nourrissent de bio-déchets ou de résidus agroalimentaires, ce qui participe à un modèle d’économie circulaire.

Malgré leur potentiel, les farines d’insectes sont encore coûteuses et nécessitent des recherches supplémentaires pour adapter leur intégration dans les rations animales à grande échelle.

Les algues : une ressource marine précieuse

Riches en protéines et en acides aminés essentiels, certaines microalgues comme la spiruline trouvent déjà des applications dans l’alimentation bovine et porcine. En plus d’être une source de nutriments, elles renferment des composés bioactifs qui améliorent la digestion et la santé des animaux.

  • Un atout environnemental : les algues n’entrent pas en concurrence avec les cultures terrestres et peuvent être produites avec peu d'impact écologique.
  • Limitation : les coûts de production restent élevés à ce jour et leur usage généralisé dépendra des avancées technologiques et des baisses potentielles des coûts.

Les co-produits agricoles et industriels

Environ 30 % des aliments produits dans le monde sont perdus ou gaspillés. Une partie de ces pertes peut être valorisée dans l’alimentation animale. Par exemple :

  • les drêches de brasserie, riches en protéines et en fibres ;
  • les résidus de l’industrie sucrière, comme la pulpe de betterave ;
  • les tourteaux issus de la production d'huiles végétales (soja, colza, tournesol).

En valorisant ces co-produits, les élevages adoptent une approche écoresponsable, tout en réduisant les coûts d’alimentation animale.

La sélection et l’innovation variétale

Les plantes utilisées pour l’alimentation animale peuvent être améliorées par la sélection génétique pour accroître leur teneur en protéines. En France, l'Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) a mené des recherches fructueuses sur certaines variétés de luzerne et de soja adaptées au climat européen, rendant ainsi possible une meilleure autonomie protéique au niveau national.

De plus, des biotechnologies modernes, comme les techniques d’édition génomique CRISPR-Cas9, offrent des possibilités intéressantes pour concevoir des cultures plus résistantes et présentant un profil nutritionnel optimisé.

Réduire la dépendance au soja importé

Le soja reste une source protéique très utilisée, mais sa production, majoritairement concentrée en Amérique du Sud, soulève des préoccupations quant à l’impact environnemental (déforestation, émissions de CO2). En réponse à cette situation, plusieurs initiatives visent à diminuer cette dépendance :

  • le développement d’une production nationale de soja en Europe ;
  • la diversification des sources protéiques sur les exploitations agricoles locales ;
  • la prise en compte des protéines alternatives évoquées plus tôt (insectes, algues, etc.).

Ces mesures permettent de conjuguer ambitions environnementales et souveraineté alimentaire.

Passer à une gestion plus efficace des ressources

Améliorer l’efficacité de l’apport protéique ne se limite pas aux matières premières utilisées. Une gestion rigoureuse du système d'alimentation peut générer des résultats significatifs. Par exemple :

  • utiliser des outils de rationnement de précision pour éviter les surconsommations ou les carences ;
  • optimiser les mélanges pour assurer un équilibre optimal entre énergie et protéines ;
  • éduquer les éleveurs sur l’importance des acides aminés essentiels et de leurs interactions dans la ration.

Des outils numériques innovants, tels que les logiciels de formulation de rations ou les capteurs mesurant les performances des animaux en temps réel, permettent de maximiser chaque kilo de protéine apporté.

Vers un futur durable pour l’élevage

La question de l’apport protéique dans l’alimentation animale prend une place centrale dans la quête d’un élevage plus durable. Chaque solution envisagée – qu’il s’agisse des légumineuses, des insectes ou encore de l'optimisation des rations – revêt son lot de défis et de promesses. Il ne s’agira pas de choisir une unique option, mais de construire des systèmes alimentaires diversifiés, résilients et adaptés aux besoins spécifiques des territoires.

Chez Avenir Viti-Agricole, nous croyons fermement que l’innovation et les traditions agricoles peuvent coexister pour dessiner un avenir respectueux des hommes, des animaux et de la planète. Les solutions pour améliorer l’apport protéique dans l’alimentation du bétail en sont un bel exemple. Et vous, quelle serait votre piste de réflexion pour contribuer à cette révolution agricole en marche ? Partagez vos idées, elles nourriront sans aucun doute les débats de demain !