Les bienfaits de la prévention en élevage : le secret d'une production saine et durable

Le coût des maladies : des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

Les maladies animales, qu'elles soient infectieuses ou métaboliques, peuvent engendrer des pertes considérables : baisse de production, frais vétérinaires élevés, gaspillage alimentaire, voire la perte d’animaux. En France, selon l’Institut de l’Élevage (IDELE), une seule mastite (inflammation de la mamelle chez les vaches laitières) peut représenter un coût de 250 à 300 euros par cas. Multipliez cela par des dizaines ou centaines d’animaux malades, et les pertes deviennent alarmantes.

La fièvre aphteuse ou encore certaines maladies bovines comme la paratuberculose peuvent avoir des répercussions graves pour le cheptel et sur le commerce des exploitations : abattages massifs, interdiction d’exportation, chute des ventes locales... Au fond, il n’est pas exagéré de dire que chaque problème sanitaire, même localisé, peut menacer l’équilibre économique d’une exploitation entière.

C’est là qu’intervient la prévention. Elle offre non seulement une baisse significative des coûts, mais elle protège aussi les exploiteurs des drames émotionnels et financiers engendrés par des épidémies.

Les fondations de la prévention en élevage

1. L’hygiène et la biosécurité, premier rempart contre les pathogènes

Tout commence par une gestion exemplaire de l’environnement dans lequel évoluent les animaux. Les principes fondamentaux de la biosécurité incluent :

  • le contrôle des entrées et sorties (visiteurs, véhicules, nouveaux animaux, etc.) pour éviter l’introduction de pathogènes dans l’élevage,
  • la désinfection régulière des installations (maternités, bâtiments d’élevage, matériel d'alimentation...),
  • la maîtrise des nuisibles (rats, oiseaux...) qui peuvent être des vecteurs de maladies,
  • le maintien d’une densité optimale des animaux pour limiter le stress et la propagation des agents pathogènes.

Un exemple marquant est la réussite des mesures de biosécurité dans certaines zones avicoles après les épidémies de grippe aviaire. Grâce à une prévention stricte, certains élevages ont réussi à préserver leur cheptel, même dans des zones à haut risque.

2. La vaccination : un investissement stratégique

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE), les campagnes de vaccination animale ont contribué à éradiquer la peste bovine, maladie autrefois dévastatrice. Inspirée de ce succès mondial, la vaccination reste une stratégie préventive cruciale.

Pour les éleveurs, choisir un protocole vaccinal adapté, en consultation avec leur vétérinaire, est essentiel. Par exemple, dans les élevages de porcs, vacciner contre le virus du SDRP (syndrome dysgénésique et respiratoire porcin) peut réduire de 20 % les pertes économiques liées à cette maladie.

Une alimentation équilibrée : la clé d’une immunité robuste

L’adage “nous sommes ce que nous mangeons” s’applique aussi aux animaux d’élevage. Une alimentation adaptée favorise une bonne santé et réduit la vulnérabilité aux maladies. Quelques points essentiels :

  • Les animaux doivent recevoir des aliments de qualité, sans contaminants (mycotoxines, métaux lourds...).
  • Les apports nutritionnels doivent répondre aux besoins spécifiques de chaque espèce et à chaque étape de leur développement : gestation, lactation, fin d’engraissement... Par exemple, un déficit en zinc ou en sélénium peut affaiblir le système immunitaire.
  • Des compléments alimentaires, tels que les probiotiques, peuvent aussi jouer un rôle bénéfique en favorisant un microbiote intestinal sain, ce qui est crucial pour le système immunitaire.

Un éleveur de volailles résumait cela simplement : « Un animal bien nourri tombe nettement moins souvent malade, et cela se voit directement dans mon bilan financier et dans la qualité de mes produits. »

Le rôle croissant de la technologie dans la prévention

La digitalisation de l’agriculture, ou AgTech, révolutionne les pratiques préventives. Aujourd’hui, des outils connectés permettent de détecter précocement les signes de stress ou de maladie chez les animaux. Par exemple :

  • des colliers ou capteurs mesurent la température, le rythme cardiaque ou l’activité motrice des vaches laitières. Une variation anormale peut alerter l’éleveur d’une éventuelle pathologie avant même l’apparition de symptômes visibles,
  • des applications informatiques centralisent ces données pour repérer des tendances sanitaires inquiétantes, comme l’augmentation de cas de boiterie dans un troupeau,
  • des caméras et capteurs de mouvement aident à surveiller les comportements alimentaires ou sociaux, notamment pour les volailles et les porcs.

En associant technologie, observation et expérience, les éleveurs peuvent désormais anticiper et agir rapidement, limitant les impacts négatifs d’une éventuelle crise sanitaire.

La prévention, une démarche gagnant-gagnant

Prendre soin de la santé des animaux ne se limite pas à augmenter les rendements. Cela touche aussi à des enjeux sociétaux majeurs :

  • Une meilleure qualité des produits : des animaux en bonne santé produisent un lait, une viande ou des œufs de meilleure qualité. À ce titre, la viande provenant de bovins exempts de maladies métaboliques a une teneur en gras intramusculaire plus homogène.
  • La réduction de l’utilisation d’antibiotiques : en limitant l’apparition des maladies grâce à la prévention, les éleveurs contribuent à réduire la résistance bactérienne, enjeu majeur pour la santé publique mondiale.
  • La durabilité des élevages : un cheptel sain consomme moins d’énergie, d’aliments et de ressources, ce qui réduit l’empreinte écologique de l’exploitation.

Vers un avenir plus responsable

Intégrer des mesures préventives dans les pratiques d’élevage ne relève pas uniquement d’un choix éclairé, mais d’une nécessité pour accompagner les mutations agricoles, répondre aux attentes des consommateurs et protéger l’environnement. La prévention s’aligne avec une vision durable et éthique de l’agriculture. Elle est un gage de résilience face aux défis sanitaires et climatiques qui n’épargnent pas le secteur.

Dans ce contexte, investir dans la prévention, c’est investir dans l’avenir des élevages. Plus que jamais, l’élevage de demain sera préventif, connecté et durable.