L’essor et le déclin des farines animales dans l’agriculture européenne
Retour sur la crise de la vache folle
Les farines animales, composées de protéines issues de carcasses animales non destinées à la consommation humaine, ont été massivement utilisées dans les années 1980 pour nourrir bétail, volailles et poissons. Moins coûteuses que les protéines végétales, elles avaient séduit les agriculteurs. Cependant, l’épisode tragique de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), plus connue sous le nom de "vache folle", a entraîné une interdiction stricte de leur utilisation en 2001 au sein de l’Union européenne.
C’est dans ce contexte qu’a été posée la question de l’impact des farines animales sur la santé publique. Des dizaines de décès dus à la variante humaine de la maladie de Creutzfeldt-Jakob ont secoué les consommateurs et déstabilisé toute l’industrie agricole de l’époque. Depuis, la méfiance reste vivace malgré les avancées scientifiques et protocoles censés limiter les risques.
Un retour discret mais controversé
En 2017, la Commission européenne a levé partiellement l’interdiction, autorisant l’utilisation de farines animales pour nourrir poissons d’élevage, puis en 2021 pour les porcs et volailles. Cette décision, encadrée par des règles strictes, répondait principalement aux enjeux de durabilité : limiter le recours au soja importé, souvent critiqué pour sa contribution à la déforestation en Amérique latine.
Malgré cela, les farines animales restent interdites pour l’alimentation des ruminants (bovins, ovins, caprins). Les interdictions croisées ont également été conservées, empêchant par exemple l’utilisation de farines de porc pour nourrir des porcs.